Etude flore et habitats 2

  • Prairies de fauche au nord (EUNIS E2.2)

Les grandes prairies de fauche au nord (toutes reliées entre elles) sont en meilleur état de conservation que la prairie collée au boisement au sud de la route. Elles présentent une végétation diversifiée, très marquée par l’influence du sol acide. Dominées par la houlque laineuse (Holucs lanatus), la Flouve odorante (Anthoxanthum odoratum) ou encore l’Agrostide capillaire (Agrostis capillaris) elles présentent une grande variété de dicotylédones. Localement celles-ci forment des populations denses (Centaurea gp. Nigra, hypericum maculatum, Hieracium sp.) et des espèces de fourrés au comportement prairial (Rubus fruticosus, Malus sylvestris) qui sont probablement rémanentes du passé forestier de cette parcelle il y a plus de 60 ans.

Prairies de fauche bretagne vivante

Figure 9. Grande prairie de fauche au nord

Très dense en Centaurées à gauche (Centaurea gr. Nigra) et en Millpertuis tacheté à droite (Hypericum maculatum).

 

     c. Précision sur la pollution du site

Beaucoup d’arguments pour dévaluer l’état de la forêt ont été avancés par le porteur de projet, notamment celui de la pollution résiduelle laissée depuis l’activité de la mine (« un site entièrement pollué » Chronique républicaine du 23/11/2023).

La présente étude ne traite pas la question de la pollution, mais elle permet de constater que factuellement, une biodiversité en bon état existe sur le site malgré la pollution éventuelle. Cette biodiversité présente même une richesse bien plus importante que les milieux environnants (champs intensifs des deux côtés).

La pollution réelle pourrait être limitée à certaines zones, par exemple celles qui sont plus pauvres en espèces (moitié de forêt au sud du site) ? Peut-être que la pollution présente affecte certaines espèces mais pas d’autres, et que la diversité serait encore plus grande sans pollution ? Ces hypothèses sont possibles mais indépendantes des résultats présentés ici, qui donnent simplement un état des lieux.

Une information est cependant certaine : les prairies du site n’ont jamais été touchées par la pollution. En effet, toutes (même celle située du même côté de la route que le bois) ont été cultivées ou exploitées en prairies jusqu’à une date ultérieure à la fermeture de la mine (1983 et 1990 respectivement, informations recueillies par Jacques Hérisset et présentées en Annexe 4.3).

 

5 - CONCLUSION

Pour la Flore vasculaire, nous avons inventorié 1 espèce déterminante ZNIEFF et rare, ainsi que 8 espèces au statut de rareté « peu commune » à « assez rare » sur le site du Haut Montbelleux. Ces enjeux ne sont pas exhaustifs puisque la liste d’espèces ne l’est pas (un seul passage).

Deux habitats classés d’intérêt communautaire sont présents sur le site : 9120 - Hêtraies acidophiles atlantiques à sous-bois à Ilex et parfois à Taxus (Quercion robori-petraeae) sur environ la moitié du boisement soit 4 à 5 ha et 4030 - Landes sèches européennes

Le site d’étude héberge une forêt ancienne, ce qui est remarquable en Bretagne. Tout le boisement n’a pas été bien préservé, certaines zones (environ la moitié du boisement, dans sa partie sud) ont visiblement été perturbées et présentent un état moins naturel. A d’autres endroits, des boisements pionniers recolonisent les zones défrichées du temps de la mine. Cela ne leur enlève pas la qualité de forêt, ce qui est déjà un élément rare du paysage en soi pour Fougères agglomération (7% de forêts seulement).

Les prairies permanentes représentent environ un tiers de la superficie du site et sont en très bon état de conservation. Au vu de la disparition actuelle de ces milieux, dont dépendent Insectes, Plantes à fleurs, Oiseaux (-89% des Oiseaux du bocage ont disparu entre 2003 et 2013, voir Lorrilière & Gonzales, 2021) et même les Mammifères, nous ne pouvons que souligner l’importance de les conserver.

Marqués par leur ancienneté, ces éléments du paysage sont irremplaçables à court terme, et même dans l’absolu pour la forêt ancienne. Ce cas de figure est envisagé par le Ministère de la Transition écologique dans le cadre de la séquence Eviter, Réduire, compenser1 et conduit normalement à revoir le projet.

1 https://www.ecologie.gouv.fr/eviter-reduire-et-compenser-impacts-sur-lenvironnement

REFERENCES

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Buisson E. , Archibald S., Fidelis A. , Suding K., 2022. Ancient grasslands guide ambitious goals in grassland restoration. Science 2022 Aug 5;377(6606):594-598

Fontaine B., Moussy C., Chiffard Carricaburu J., Dupuis J., Corolleur E.,

Schmaltz L., Lorrillière R., Loïs G., Gaudard C., 2020. Suivi des oiseaux communs en France 1989-2019 :

30 ans de suivis participatifs. MNHN- Centre d'Ecologie et des Sciences de la Conservation, LPO BirdLife

France - Service Connaissance, Ministère de la Transition écologique et solidaire. 46 pp.

LE PROVOST G et al. 2020. Land-use history impacts functional diversity across multiple trophic groups. Proc Natl Acad Sci U S A. 2020 Jan 21; 117(3): 1573–1579.

Lorrilière R., Gonzalez D., 2016. Déclinaison régionale des indicateurs issus du Suivi Temporel des Oiseaux Communs (STOC) – Rapport d’analyse

MOREL L., 2021. Forêts anciennes et boisements féraux d’Armorique : conserver le patrimoine d’hier et protéger la nature de demain. Penn ar Bed no 241-242 pp. 3-25

QUERE E., GESLIN J., 2016 - Liste des plantes vasculaires invasives de Bretagne. DREAL Bretagne, Région Bretagne. Conservatoire botanique national de Brest, 27 p. + annexes

QUÉRÉ E., MAGNANON S., BRINDEJONC O., DISSEZ C., 2016 - Liste rouge de la flore vasculaire de Bretagne. Evaluation des menaces selon la méthodologie et la démarche de l’UICN. Brochure. Brest : Conservatoire botanique national de Brest, 20 p

SABATINI F.M. et al. 2018. Where are Europe’s last primary forests? Diversity and Distribution, n° 24(10), pp. 1426-1439.

ANNEXES

4.1 Relevé d’espèces de flore vasculaire & statuts

Annexes 1 bretagne vivante 1
Annexes 2 bretagne vivante 1
Annexes 3 bretagne vivante
Annexes 4 bretagne vivante
Annexes 5 bretagne vivante

4.2 Listes d’especes indicatrices de forets anciennes vs. forets recentes

Les espèces soulignées en rouge sont celles présentes au Haut Montbelleux.

Especes indicatrice bretragne vivante

4.3 Photographies aériennes du site

Extraites du site internet de l’IGN « Remonter le temps » (& site de la 3M pour cliché de 1981)

Photo aeriennes bretagne vivante
Photo aeriennes bretagne vivante 2
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Coupes forestières probables :

- avant 1949

- entre 1949 et 1958

- entre 1972 et 1975


 

Informations recueillies par Jacques Hérisset :

BC 14 , 1 20 ha et BE 38 , 0,58 ha ont été exploitées jusqu en 1990 (Léandre Balluais) avec betteraves, pommes de terre et céréales

BE 39 , 1 82 ha (denuault) et BE124 , 2 35 ha (Clément Collerais) auraient arrêté leur activité agricole en 1983 avec pâture et fauchage pour les dernières années (acte notarié du 22/10/1983).

On a donc 34 années sans travail de la terre pour les premiers ,et 40 au minimum voire 45 années pour les 2 parcelles qui forment la grande portion en pente au nord-ouest.

Parcelles cadastrales bretagne vivante