Célestin Lairie
Célestin Lairie (1920-2019) était maréchal-ferrand et forgeron. Ses coups de marteau sur le métal en fusion s'entendaient dans le bourg de Louvigné-de-Bais... Il espérait que ses outils soient rassemblés pour montrer les valeurs de son métier. Son souhait était de créer un musée qui aurait présenté tous les aspects de la forge.Ses enfants ont donné quelques éléments à la 3 M Montbelleux. Son voeu sera au moins en partie exaucé.
Jeune forgeron au Pertre, lors d'un concours hippique, le jury demanda au lauréat, qui avait ferré son cheval (les pieds nécessitant d'appliquer la ferrure de façon à corriger cette singularité), l'homme ne put dire que c'était un jeune maréchal-ferrant qui venait de s'installer, ne connaissant pas son nom, le journaliste relatant le concours écrivit : " le jury a apprécié une ferrure particulièrement bien appliquée afin de compenser le défaut d'aplomb ". Il eut rapidement beaucoup de clients. Il construisit des coupe-racines qu'il exposait devant sa forge et qui se vendaient rapidement. A Louvigné, il faisait, des remorques tri-bennes (plateforme basculante sur trois cotés), il a commencé à fabriquer et installer des chargeurs frontaux sur tracteur (peut-être même avant Louis MAILLEUX à Acigné ?), des caissons élévateurs adaptables à l'arrière des tracteurs, rampes et garde-corps pour les bâtiments, godets pour pelleteuses (a beaucoup construit pour CASE), il faisait tailler par oxycoupage de très gros pignons qu'il passait ensuite au tour pour remplacer ceux des draineuses (d'une entreprise de Bais). On venait parfois de loin pour lui demander un travail spécial, une soudure délicate ou soumise a de très grosses contraintes, un outil qui n'existe pas à inventer et à réaliser. Il installait des groupes à eau dans les fermes, maintenance dans les puits, abreuvoirs dans les étables, barrières, rampes pour charger le bétail (même pour avion DC3), roues-cages pour tracteur (pour sols très humides). Il lui arrivait de dépanner gratuitement des personnes âgées très modestes. Avant l'hiver, je l'acompagnais dans les écoles, pour nettoyer et vérifier les poëles. Je l'accompagnais partout, nous étions fiers de lui (et lui de nous - sans se le dire -) Petit, tôt le matin, de mon lit j'entendais le bruit du marteau de mon père sur l'enclume, je savais qu'il travaillait pour nous à la sueur de son front, et le marteau-pilon qu'il avait construit lui-même (un agriculteur lui avait dit à ce sujet : " tu aurais mieux fait de t'en acheter un plutôt qu'une Simca Aronde ". Une route séparant l'atelier de la sacristie, à l'église (messe du matin en semaine), on entendait parfois le marteaupilon ( et sûrement quelques "nom de Dieu" ont été perçus), l'on entendait aussi l'harmonium de la maison. Le fer était livré par barres de 6 mètres que l'on déposait à même le trottoir contre le mur de la forge, piétons et automobilistes ralentissant ou faisant un écart lorsque nous allions prendre une barre de fer. Tout individu croisé saluait et l'on répondait. La venue d'un représentant en fer, ou outillage, consommables, était bienvenue, c'était l'occasion d'avoir des informations, d'échanger sur différents sujets, se faire offrir d'un coffret métallique (argenté extérieur, doré intérieur), une cigarette immaculée blanche que nous saisissions avec nos doigts noirs de graisse et de limaille de fer. Nombreux furent ses anciens représentants et clients à lui rendre visite, même à la retraite. Nombreux furent les témoignages de sympathie, après sa mort.